samedi 3 septembre 2016

Yves, les Boucholeurs

La réserve, le marais - cigognes, cygnes, aigrettes, hérons, et autres oiseaux et plantes de marais, tout près de la réserve. Un lieu aimé, un lieu qui parlait ; ses oiseaux, ses carrelets, ses barques, ses maisons basses pour résister au vent...

Mais il ne parle plus, il crie!

Le village a changé, tout repeint, refait de neuf. Une nouvelle et belle digue. Dans la baie ces sortes de digues en galets et rochers...  Et il parait qu'il va encore s'en construire d'autres...



Des travaux conséquents, toujours en cours...Mais que fera l'Océan ?


Il suffit de parler pour comprendre.

Les explications jaillissent, se bousculant, Puis on s'arrête, on ne sait pas exactement. Qui peut savoir ? De l'aide -conséquente- de l'Etat  à...?  La dizaine ou plus?  on ne sait pas exactement le nombre de morts... Les gens réfléchissent puis disent "une dizaine", en hésitant et précisant qu'il y en a eu dans d'autres villages. Qu'il y a des différences entre les corps trouvés, comptés, enterrables,  et les "disparus"- dont on n'a pas retrouvé le corps...  Pour les quels on ne peut savoir, ni donc faire le deuil! Pour être mort, il faut un état civil en règle. 

Traumatisme non résolu, gravité et larmes à fleur de peau, y compris chez de jeunes hommes. Font-ils partie de ceux qui ont perdu leurs parents, un frère ou une soeur, un ami, leur conjoint, un enfant ?

Et le récit de cette scène horrible répétée, ressassée, inacceptée, de cette grand-mère qui, dans une autre village côtier, gardait ses petits enfants, dont le papa était hospitalisé,  pendant que leur maman travaillait. Les voisins les ont entendu crier mais ne pouvaient rien faire. Les cris se sont tus. Quand la maman est revenue... Il y aurait eu ensuite un suicide...  On ne sait pas bien... Lequel des deux parents... Le ou la suicidé(e) ne risquerait-il d'apparaître comme le ou la coupable?


"Un raz de marée quoi. C'était bien un raz-de-marée?" vous demande-t-on ? C'était bien un raz-de-marée?"... "Un raz-de-marée?"

Ailleurs ces habitants d'une maison en rez-de-chaussée qui avait la clé de la maison à un étage, de leurs voisins vacanciers.
Trouver la clé et se réfugier à l'étage tant qu'ils pouvaient encore sortir. Sauvés ! Sans ça...
Ils ont réussi à ouvrir la porte de la maison voisine!

Ouvrir les fenêtres au 1er... Pourquoi cette consigne ? Pour que l'eau s'échappe ? Pour être visibles pour d'éventuels secours ?
Ailleurs c'est un jeune qui, avec sa planche à voile, a pu aller sauver son copain... Risqué. Mais ils s'en sont sortis tous les deux. Sinon le copain serait mort...

Un raz de marée quoi. 
C'était bien un raz-de-marée?
Question sans attente de réponse, dubitative...
comme pour se convaincre...

Un raz de marée quoi. C'était bien un raz-de-marée?

On connait, il y a les mots pour le dire, canaliser l'angoisse...

L'émotion, le bouleversement sont là... L'incrédulité ?

Les assurances ont bien remboursé. Les communes ont été aidées...
Là il y a pas de quoi se plaindre.

"A Aytré, à quelques kilomètres -une plage aimée des autotochnes. 

 Il a fallu raser et reconstruire tout un quartier..."

"A Charron, une bonne dizaine de morts..."

L'émotion, traumatisme non résolu. On repart avec un CD, des piles de journaux annotés, précieusement conservés. Et on reçoit des adresses de vidéos sur YouTube, telle celle recommandée par Jacqueline Begaud : 


Dégâts de la tempête à La Rochelle  Et si vous voulez comparer celle de la tempête de 99, proche et vive dans les mémoires, "La tempête du siècle" de Raphaël Savary...

Et ce besoin de parler. Comme si on cherchait toujours causes et explications.
Se comparent les tempêtes, presse et vidéos aidant...

Se re-parle de la Faute-sur-mer. D'une digue construite il y a 40 ou 50 ans avec du sable pris sur place...

Une submersion par l'inquiétude qu'accroît  la non-compréhension, la non -explication de ces phénomènes. 

La montée des océans certes,c'est annoncé. Mais comment cela se traduira-t-il chez nous. Un étage de plus peut-il sauver ? Jusqu'à quand et comment ?  L'absence de scénario(s) ne rassure pas, l'incertitude, l'impossibilité de comprendre, d'anticiper, accroissent l'angoisse... L'image de l'Atlantide, ce continent qui aurait été submergé en très lointaine époque parait plutôt rassurante, aussi paradoxal cela puisse-t-il paraître...

L'angoisse et la culpabilité - ne pas avoir pu sauver ses voisins, avec les enfants - calfeutrés en maison basse - dont on entendait les cris - quand, déjà, à l'étage, de sa maison ou de celle d'estivants, on ne pouvait  plus redescendre et sortir...

Une culpabilité accrue par la rapidité de la reconstruction. Cet homme jeune qui m'a couru après dans la rue aux maisons à étage, la voix nouée, m'apportant des documents "vous voyez là il y avait une petite maison, un couple âgé, on ne sait pas ce qu'ils sont devenus, on ne les a pas revus.  Ces disparitions trop rapides, y compris celles des ruines de ces maisons basses bien faites pour résister au vent, pas à un raz-de-marée, ont entravé le travail de deuil, même de ceux qui, bénévolement, ont aidé les pompiers... 

cet artisan d'une ville voisine qui m'a raconté qu'après chaque tempête il prenait son mètre pour mesurer les dimensions de l'endroit où le goudron de la départementale Rochefort-La Rochelle était arraché. La surface grandit à chaque tempête.

Des simulations permettant de s'organiser, du moins de prévoir, paraîtraient rassurantes... Habitants d'Yves accueillis en Ardèche au-dessus de ? mètres d'altitude? Mais ceux de ces pays d'Asie à fleur d'eau? Des habitants ont pu rapprocher le nombre de morts de la présence ou de l'absence et de la qualité de la Mangrove et ont commencé à la redévelopper là où la Côte n'a pas été construite... Certes cela ne suffira pas, mais...

Il semblerait aussi que la présence de marais salants atténue la force des tempêtes...

D'autres solutions pour prévenir ? 

Energies renouvelables ? A l'Université de La Rochelle on travaille sur les hydroliennes? Des essais concluants sur la Seudre.  10 fois plus puissantes que les éoliennes... La solution ? Encore en cours de recherche ? Une solution qui se met en place. Et par delà une transition énergétique encore susceptible de sauver la planète, de quoi faire tourner l'économie ? Ne fabriquerait-on déjà des pâles à Lorient ?  A suivre...

Le nucléaire ? N'en parler pas ! Blaye et Bordeaux ont frisé la catastrophe. Catastrophe évitée de justesse grâce à l'intervention spontanée d'ingénieurs, ouvriers et techniciens qui, d'eux mêmes, au risque de leur vie, sont vite allés à la centrale pour prendre les mesures d'urgence.

Tant qu'il y a du personnel formé, expérimenté, responsable... 

Ils ont évité l'évacuation de Bordeaux et le pire. 

Mais à la prochaine tempête plus forte que Xynthia - qui ne saurait ne pas surgir dans les années à venir - que va-t-il se passer?



Quelques autres données d'une côte où on a beau savoir vivre avec les tempêtes, au rythme des coefficients et de l'horaire des marées...


Mais des comme ça, de mémoire d'homme -ou de femme- on n'en avait jamais vues...





"Bonjour Jacqueline

Je te transmets des photos de la tempête de 1999 que j'ai demandées à
des amis .
Tu reconnaîtra la plage de la concurrence
Je t'embrasse 
Jacqueline"

Le diaporama difficile à réduire est éloquent
                                                                   Extraites de celui-ci, quelques photos de Lothar... 




                                                   











Cygnes, cigognes, mouettes et goëlands, aigrettes et hérons, et autres" bécasseaux" sont toujours là, placides. 

Souvent dans l'intérieur des terres - à la recherche d'eau douce, nous précisera-t-on à la Cayenne... Les touristes sont là aussi, et les bateaux - de pêche ou plaisance. Personne ne dit mot.

Mais si vous posez la question c'est la déferlante, le besoin de mettre en mots, de comprendre - toujours à vif...


Un raz de marée quoi. C'était bien un raz-de-marée?

Si vous hasardez quelques mots sur bouleversements climatiques, COP passée ou à venir,  l'angoisse trouve ses mots, l'inquiétude se précise...


Cette urbanisation excessive en Ré ou autres côtes... Inquiétude pour les générations à venir, les petits enfants - souvent très mobiles...  en leurs études et vie professionnelle...


Toujours à vif! Et pour longtemps! 

L'ampleur insoupçonnée de la catastrophe ayant balayé la côte atlantique et du traumatisme vécu par une population qui vous remercie de l'écouter...

Et ce rochefortais de 44 ans, homme de culture et averti, qui, juste, souligne la fréquence, à son échelle, de ces évènements paroxystiques qui vont s'aggravant :

-1999, la route Rochefort-La Rochelle a été coupée, goudron soulevé, arraché...

- 2010, route Rochefort-La Rochelle  coupée, submergée...

Quand l'Ardèche avait découvert Les Boucholeurs en travaux scientifiques sans, d'abord,  mesurer les dimensions humaines du drame qui n'était plus improbable. 

Recherches d'information renvoyant au 1er article lu - d'un certain Jean-Luc Mélanchon, inconnu à l'époque, sur la montée des eaux.

Simulations esquissées : une augmentataion de 1° ferait reculer de x mètres la côte rochelaise...etc 

Des simulations scientifiques trouvées (références en note à l'article me semble-t-il, sur le recul de la côte rochelaise et de la ville elle-même...)

Et puis ces jeunes férus d'informatique rencontrés peu après à un rassemblement des EPN. Où chacun faisait ses simulations, Pays-Bas vite disparus et Berlin en risque majeur (si donc combien de degrés d'obtention des températures moyennes ?) Quant à La Rochelle, n'en parlons pas! Elle avait depuis longtemps rejoint l'Atlantide...


Témoignages familiaux.... (photo Michel Cimaz)



Une population qui parle peu de COP et autres bouleversements climatiques, mais en sait plus qu'elle n'en dit, est inquiète, suivant les générations, pour  ses enfants ou petits-enfants, qu'ils vivent ici ou de l'autre côté de la planète.

Bientôt, peu à peu, approches des documents encore à exploiter...


Jacqueline  Burlot-Cimaz, avec le concours de Jacqueline Begaud et Micheline Begaud-Pairain et de personnes interviewées sur place, aux Boucholeurs, à la Cayenne, à Rochefort...

NB. Et une question montante : quelle auto-organisation des populations côtières pour faire face aux problèmes locaux imminents et aussi pour obtenir que des mesures à l'échelle des besoins soient prises au niveau planétaire (autres que les différents projets des milliardaires transhumanistes, aussi dérisoires qu'égoïstes...




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